Siddhartha & citations

Lors de ma relecture de Siddhartha de Hermann Hesse, j’ai identifié de nombreux passages et citations selon un code de couleur. Voici les cinq catégories :

  • Om : mentions, explications, définitions
  • Fleuve : mentions, apprentissages tirés du fleuve
  • Identification : lorsque je m’identifie au personnage dans son cheminement ou par ses réflexions
  • Attention! : citation méritant une citation, courte et poignante
  • Création : idées pour créer la robe (il n’y a qu’une citation dans cette catégorie)

Bon, j’ai identifié 37 citations ou passages donc je ne les retranscrirai pas toutes ici..! Je vous identifie les plus marquantes, celles qui seront particulièrement utiles à la création de la Robe fleuve. Cet article me sert notamment d’annexe à consulter pour relire des citations clés.

  • Om :
    • Définition : « Om. C’est le présent, le passé et le futur. C’est, dit Mândûkya-Upanishad, le monde entier dans une syllabe, et c’est même encore ce qui peut exister en dehors de ces trois temps. Ce mot se décompose en plusieurs parties formant plusieurs sons AUM, le point qui marque la nasale M (anusvâra) et la résonance (Nâdra). Ces sont symboliseraient les êtres et les choses les plus divers : les heures du jour, les Vedas, les trois dieux, Brahma, Vishnu, Shiva, etc. » (p.28)
    • Siddartha quitte la vie de riche marchand et retrouve le fleuve. Il est sur le point de s’enlever la vie lorsqu’il entend le Om : « C’est à ce moment que, dans les profondeurs les plus mystérieuses de son âme, dans le plus lointain de sa misérable existence, il entendit un son : ce n’était qu’un mot, une syllabe, et sa voix l’avait proférée instinctivement comme un souffle : c’était le mot par lequel commencent et finissent toutes les invocations à Brahma, le mot sacré Om qui veut dire perfection ou accomplissement. Et dès l’instant que ce mot frappa l’oreille de Siddartha, sa raison obscurcie s’éclaira tout à coup et lui montra la folie de l’acte qu’il allait commettre. » (p.135-136)
    • Le paroxysme, l’extase, l’illumination! C’est à ce passage auquel j’ai pensé avant de choisir définitivement d’utiliser Siddhartha dans ce projet. Je me souviens de l’intensité que j’ai ressentie au secondaire lorsque j’ai lu ce passage. Il dure quelques pages, alors je l’ai un peu coupé : « Doux était le chant de toutes les voix du fleuve. […] . Le fleuve tendait à son but de toute sa puissante; Siddartha voyait comme il y courait, ce fleuve qui se composait de lui et des siens et de tous ceux qu’il avait connus. Tous ses flots, toutes ses ondes roulaient, chargés de souffrances, vers des buts innombrables : les cataractes, le lac, les rapides, la mer, et il les atteignait tous, et de l’eau s’exhalaient des vapeurs qui montaient vers le ciel; elles devenaient pluie et cette pluie retombait du ciel, devenait source, devenait ruisseau, devenait fleuve, remontait encore, puis recommençait à couler. Mais la voix ne trahissait plus maintenant de ces désirs, elle avait changé; elle se faisait plaintive, comme celle d’une âme en peine et d’autres voix se joignaient à elle, les unes joyeuses, les autres dolentes, puis d’autres encore qui disaient le bien et le mal, qui riaient et pleuraient : c’était par centaines, par milliers qu’elles résonnaient. […] Il commençait à ne plus bien les distinguer [les voix du fleuve]; celles qui avaient une note joyeuse se confondaient avec celles qui se lamentaient, les voix mâles avec les voix enfantines, elles ne formaient plus qu’un seul concert : la plainte du mélancolique et le rire du sceptique, le cri de colère et le gémissement de l’agonie, tout cela ne faisait plus qu’un, tout s’entremêlait, s’unissait, se pénétrait de mille façons. Et toutes les voix, toutes les aspirations, toutes les convoitises, toutes les souffrances, tous les plaisirs, tout le bien, tout le mal, tout cela ensemble, c’était le monde. Tout ce mélange, c’était le fleuve des destinées accomplies, c’était la musique de la vie. Et lorsque Siddartha, prêtant l’oreille au son de ces mille et mille voix qui s’élevaient en même temps du fleuve, ne s’attacha plus seulement à celles qui clamaient la souffrance ou l’ironie, ou n’ouvrit plus son âme à l’une d’elles de préférence aux autres, en y faisant intervenir son Moi, mais les écouta toutes également, dans leur ensemble, dans leur Unité, alors il s’aperçut que tout l’immense concert de ces milliers de voix ne se composait que d’une seule parole : Om : la perfection. » (p.196-199)
  • Fleuve 
    • « Pour le moment, de tous les secrets que recelait le fleuve il n’en devina qu’un, mais qui l’impressionna vivement : c’est que cette eau coulait, coulait toujours, qu’elle coulait continuellement, sans cesser un seul instant d’être là, présente, d’être toujours la même, tout en se renouvelant sans interruption! » (p.154)
    • « Tiens, ses eaux t’ont déjà appris qu’il est bon de chercher à descendre, de s’abaisser, de s’enfoncer. Siddhartha, qui était riche et honoré, va devenir un simple aide-rameur […] » (p.159)
    • « je jetai un coup d’oeil sur ma vie, et elle m’apparut aussi comme un fleuve, et je vis que Siddhartha petit garçon n’était séparé de Siddhartha homme et de Siddhartha vieillard par rien de réel, mais seulement par des ombres. Les naissances antérieures de Siddhartha n’étaient pas plus le passé que sa mort et son retour à Brahma ne seront l’avenir. Rien ne fut, rien ne sera; tout est, tout a sa vie et appartient au présent. » (p.161)
  • Identification :
    • Je m’identifie beaucoup à ce passage : « Un but, un seul, se présentait aux yeux de Siddhartha : vider son coeur de tout son contenu, ne plus avoir d’aspiration, de désirs, de rêves, de joies, de souffrances, plus rien. Il voulait mourir à lui-même, ne plus être soi, chercher la paix dans le vide e l’âme et, par une abstraction complète de sa propre pensée, ouvrir la porte au miracle qu’il attendait. » (p.42)
    • « De temps en temps il percevait, tout au fond de sa poitrine, une voix qui se lamentait, très faible, comme celle d’un mourant et qui l’avertissait tout bas, si bas qu’il la distinguait à peine. Alors, pendant une heure, sa conscience lui reprochait de mener une existence bizarre, de ne s’occuper que des choses qui, au fond, ne méritaient pas d’être prises au sérieux. » (p.113)
  • Attention! :
    • Lorsque Siddartha quitte la vie de Samana [dénué de toute sensation, vivant isolé dans la forêt], il prend conscience de tout ce qui l’entoure : « Rien de tout cela n’était nouveau; mais il ne l’avait jamais vu; sa pensée l’en avait toujours tenu éloigné. Maintenant, il était auprès de ces choses, il en faisait partie. La lumière et les ombres avaient trouvé le chemin de ses yeux, la lune et les étoiles celui de son âme. » (p.83)
    • « Oh! toute souffrance n’était-elle donc pas dans le temps, toute torture de soi-même, toute crainte, n’étaient-elles pas aussi dans le temps? Est-ce que tout ce qui dans le monde pesait sur nous ou nous était hostile ne disparaissait pas et ne se surmontait pas dès qu’on avait vaincu le temps, dès que par la pensée on pouvait faire abstraction du temps? » (p.161-162)
    • « […] l’Amour, ô Govinda [son ami d’enfance], doit tout dominer. Analyser le monde, l’expliquer, le mépriser, cela peut être l’affaire des grands penseurs. Mais pour moi il n’y a qu’une chose qui importe, c’est de pouvoir l’aimer, de ne pas le mépriser, de ne le point haïr tout en ne me haïssant pas moi-même, de pouvoir unir dans mon amour, dans mon admiration et dans mon respect, tous les êtres de la terre sans m’en exclure. » (p.212)
  • Création : Cette citation me rend sceptique, car j’hésite entre partir d’une description physique du fleuve pour créer la robe, ou plutôt partir de sa symbolique et de développer une esthétique à partir de sa signification. Je place tout de même la citation ici, même si elle ne correspond pas à l’image initiale que je me fais de la robe : « Il considérait d’un oeil attendri l’eau courante du fleuve, sa couleur d’un vert diaphane et les lignes cristallines de ses mystérieux dessins. Il voyait des perles brillantes monter de ses profondeurs et, à sa surface, des globules qui flottaient doucement et dans lesquels se reflétaient les teintes azurées du ciel. Le fleuve aussi le regardait de ses mille yeux verts, blancs, bleus, argent. » (p.153)

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